« By-pass spirituel » : les conséquences douloureuses de « l’auto-tromperie spirituelle »

Le terme « bypass spirituel » a été créé par le psychologue John Welwood dans les années 80 pour nommer et décrire un phénomène qui a toujours existé : nous utilisons des croyances, des idéaux, des concepts ou des pratiques spirituelles pour nous tromper nous-mêmes, en niant, rationalisant, minimisant ou réprimant nos véritables sentiments, les blessures, les expériences traumatisantes, les peurs ou les besoins de notre cœur.

Certains auteurs ont décrit ce comportement comme le côté obscur – inconscient – ​​de la spiritualité, car au lieu de nous aider à connaître et à accepter notre nature, nous créons une coquille mentale et spirituelle pour rejeter, ignorer ou anesthésier notre humanité.

Chaque jour, je rencontre des personnes ayant un désir spirituel sincère qui, consciemment ou inconsciemment, répriment leurs sentiments et leurs besoins parce qu'ils ne correspondent pas à leur idéal spirituel.

Ils ne se permettent pas de ressentir et de valider la vérité de leur cœur.

Ils se jugent et se blâment parce qu'ils ressentent des choses, des désirs ou des expériences douloureuses prétendument inappropriées, qu'ils « auraient dû » transcender ou surmonter, ou pensaient » l’avoir déjà fait.

Ils nient leurs insécurités, leurs douleurs, leurs émotions ou/et leurs ressentiments, pour tenter d'être à la hauteur d'un idéal spirituel.

Je constate aussi très souvent ce même schéma chez des personnes pourtant dédiées à leur développement personnel et supposées accompagner les autres.

Des hommes et des femmes qui cherchent à se connaître, accepter leur part de responsabilité et retrouver la force d’être en accord avec eux-mêmes, mais qui sans s’en rendre compte, se mentent à eux-mêmes et répriment ou masquent des aspects essentiels de leur nature profonde qui demandent à être reconnus. 

Ils se créent une image, pourrissent un ego et stagnent alors dans leur propre évolution personnelle.

Ketan Raventos Klein - Extrait du livre « Sanar el corazón »